Paris, le 25 février 2012 – À l’initiative de Greenpeace, une cinquantaine de citoyens se sont littéralement enduits de pétrole (en réalité une mélasse inoffensive et
biodégradable) sur la plage du Prado, à Marseille, derrière une banderole indiquant ” M. Gaudin : la Méditerranée, vous vous en fichez ?”.
L’objectif de cette action est d’interpeller le maire de Marseille sur son silence face au projet de forage profond au large de sa ville.
En effet, en 2010, la société pétrolière Melrose a effectué une demande auprès du ministère de l’Écologie pour renouveler son permis l’autorisant à rechercher des hydrocarbures liquides et
gazeux à une vingtaine de kilomètres au large des côtes de Marseille. Cette zone se trouve à 30 kilomètres du projet de parc national des Calanques et à proximité immédiate du sanctuaire de
Pelagos, un vaste espace maritime dédié à la protection des mammifères marins.
Par ailleurs, l’ouverture de ce nouveau forage serait en contradiction complète avec les objectifs que la France s’est fixés dans le cadre du Grenelle de l’environnement. En effet, notre pays
s’est engagé à diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 par rapport au niveau d’émission de 1990. L’urgence aujourd’hui n’est pas d’autoriser les compagnies
pétrolières à courir derrière les dernières gouttes de pétrole, mais plutôt de réduire notre dépendance aux hydrocarbures en changeant progressivement de modèle énergétique.
Au gouvernement de stopper ce projet !
Alors que les signes alarmants du dérèglement climatique sont de plus en plus visibles, le gouvernement français doit rejeter cette demande de renouvellement de permis exploratoire à la société
Melrose/Nobel Energy, actuellement instruit à la Direction générale de l’Énergie et du Climat. Sur ce dossier, le silence de Jean-Claude Gaudin, maire UMP de Marseille, est très surprenant. Les
Marseillais mobilisés aujourd’hui lui demandent de se positionner contre ce projet et d’user de son influence auprès du gouvernement et de la présidence de la République pour obtenir son
annulation.
Un projet absurde et très risqué
Les conséquences d’un incident de forage à une telle profondeur (- 2 600 mètres pour le projet de Melrose) seraient désastreuses. L’explosion de la plate-forme de forage Deepwater Horizon, en
avril 2010, dans le golfe du Mexique, a provoqué le déversement de l’équivalent de près de 16 millions de pleins d’essence dans l’océan Atlantique. Une telle catastrophe écologique au large de
Marseille affecterait de manière dramatique l’économie de la région, fondée en partie sur le tourisme et la pêche locale.
La campagne nationale “Libérons l’énergie !” de Greenpeace
Greenpeace organise une tournée nationale dans une dizaine de villes françaises afin de sensibiliser et d’impliquer les citoyens français dans le débat sur la politique énergétique de la
France. Marseille était la sixième étape de cette tournée qui a déjà mobilisé des milliers de citoyens et plus d’une soixantaine d’associations locales. En savoir plus sur la campagne :
www.liberons-energie.fr
ensuite un reportage sur FR3 Provence (dont les liens disparaissent malheureusement très vite)
et cet article dans la Provence :
Marseille : la colère noire de Greenpeace
Publié le dimanche 26 février 2012 à 17H54
Pour s'opposer aux recherches de pétrole au large de nos côtes, Greenpeace a imaginé hier le pire sur les plages du Prado
Plages du Prado, hier : les baigneurs ressortent de l'eau couverts de tâches de mazout. L'image est montée par Greenpeace pour alerter les Marseillais et leur maire.
Photo Thierry Garro
Pour 20 euros, Greenpeace s'est offert hier sur les plages du Prado un terrifiant scénario-catastrophe. Le prix d'un grand pot de mélasse, mêlée à du cacao et de l'huile de colza bio, dont une
trentaine de militants se sont tartinés le corps avant de poser en lisière du sable et de la mer, sous l'oeil des nombreux photographes. Le titre de la saynète aurait pu être : "Le permis
accordé par la France à des sociétés privées pour rechercher des hydrocarbures en profondeur à 30 kilomètres de nos côtés est confirmé en avril par le gouvernement. Un puits est foré, du
pétrole ou du gaz jaillit. Et une catastrophe se produit."
Le titre est un peu long mais à voir les visages graves et barbouillés des écologistes marseillais, on comprend instantanément qu'il s'agit d'une tragédie. L'opposition de Greenpeace n'est
pas nouvelle. Le feuilleton dure depuis dix ans. Les risques pour la faune ont déjà été maintes fois évoqués, notamment les espèces hébergées dans les aires marines protégées comme Port-Cros,
Scandola, le sanctuaire Pelagos pour mammifères marins ou bien encore les Bouches de Bonifacio. Le milieu marin dans l'emprise du futur Parc des calanques est lui aussi très exposé.
Le projecteur braqué sur Jean-Claude Gaudin
D'autres organisations se sont d'ailleurs jointes hier à cette action, sur le sable du Prado : Ecoforum, Attac, Surfrider ou Vélo en ville. Wan Pada - sûrement un pseudonyme - qui tractait hier
une sono puissante crachant du Manu Chao dans le sillage de la caravane à deux roues de "Velorution", justifie ce ralliement. "Pourquoi aller chercher des hydrocarbures là où il n'y en
a pas pour des voitures que l'on n'utilise pas. Déjà un demi-million de véhicules à Marseille, bientôt plus que d'habitants. Du pétrole, on n'en a pas besoin, juste un peu pour fabriquer les
pneus de nos roues."
La vraie nouveauté est le projecteur braqué sur Jean-Claude Gaudin, "sous sa double casquette". Selon Cyrille Cormier (Greenpeace-France), "le maire de Marseille se doit de prendre
position compte tenu des risques que l'exploitation du gisement ferait peser sur la population. Or, il est totalement silencieux sur le sujet. Comme responsable du groupe UMP au Sénat, il est
garant des engagements pris par la France en matière de réduction des émissions de gaz à effets de serre. Son silence est perturbant : nous l'interprétons comme un recul du
gouvernement."
Une manifestation contre le nucléaire cette semaine à Lyon
Une pression mise sur l'élu marseillais (lui et son adjoint concerné par ce dossier étaient hier injoignables) alors que le permis d'exploration doit être prolongé - ou annulé - à l'échelon
ministériel avant l'élection présidentielle.
La séance photo terminée, les militants débarbouillés à l'eau froide et au savon, la caravane "Libérons l'énergie" aurait pu directement partir pour Lyon ou une autre manifestation ciblera
cette semaine le nucléaire. Plutôt que de jeter le fond du pot de mélasse, un petit commando s'est passé une deuxième couche avant de se pointer à l'Hôtel de ville pour interpeller une nouvelle
fois le premier magistrat. Ils y ont trouvé porte close.
A voir aussi ces photos prises par Guillaume Ferrari de Greenpeace
et une vidéo tournée par "Charlotte Ramette"