• Boues rouges : retrait de l'enquête publique !

    Boues rouges : retrait de l'enquête publique !Le feuilleton « boues rouges » se complique et devient passionnant …..

    On peut légitimement se poser la question : qu’est-ce qui se passe en coulisses ?

    Le dernier événement en date est le retrait de l’enquête publique tout juste une semaine après avoir été ordonné. On a rarement vu un cafouillage pareil de la part des plus hautes autorités – et cela doit cacher quelque-chose !

    Résumée succinct :

    - Altéo demande la continuation de rejets liquides ‘résiduels’ au-delà de la date du 1.1.2016.

    - Le Parc National des Calanques donne son feu vert (sous réserves) à ces rejets.

    - Madame Ségolène Royal monte au créneau et juge ces rejets, même fortement diminués, inacceptables

    - Madame la Ministre ordonne trois expertises ‘indépendantes’ supplémentaires.

    - Ces expertises (BRGM, ANSES et Ifremer) sont réalisées pour décembre 2014, mais seulement publiés le 1 avril 2015. Ils ont donc circulé ‘en interne’ pendant au moins trois mois.

    - Le Préfet des Bouches du Rhône ordonne par arrêté du 26 mars 2015 une enquête publique dans toutes les communes concernées et nomme un commissaire enquêteur.

    - Le même Préfet ordonne par arrêté du 3 avril 2015 le retrait de cette enquête publique …  Boues rouges : retrait de l'enquête publique !

     

    Arrêté de retrait de l’enquête : http://www.bouches-du-rhone.gouv.fr/Publications/Publications-environnementales/Enquetes-publiques/Enquetes-publiques-ICPE/Gardanne

    Expertise du BRGM :  http://www.brgm.fr/actualites/rapport-tierce-expertise-sur-usine-alumines-alteo-gardanne

    Expertise de l’ ANSES : https://www.anses.fr/fr/documents/ERCA2014sa0223.pdf

     

    Alors, nous en sommes réduits aux suppositions ….

    Plusieurs hypothèses circulent :

    L’expertise du BRGM (aux conclusions très ‘favorables’) aurait du être une expertise de ‘tierce personne’ – alors qu’il y a conflit d’intérêt :le BRGM et Altéo travaillent ensemble sur certains projets industriels.

    Le commissaire enquêteur nommé étant un retraité du BRGM – il y aurait conflit d’intérêt également

    L’expertise de l’ANSES (pas très favorable) pointe un certain nombre de manquements,  par exemple l’absence d’étude sur la radioactivité des rejets  ….

    D’autres informations circulent sur la situation économique de l’entreprise ….

    Mais la « vérité » est peut-être ailleurs, nous en saurons plus dans les prochains mois.

    La date butoir approche et Mme la Ministre ne pourra pas « botter en touche » longtemps ….

    (crédit photos : A Gertz; train de Bauxite traversant la gare d'Aix-en-Provence; la canalisation qui mène les boues rouges de Gardanne vers la mer, ici en forêt de Gréasque)

     pour info: l'article de la Provence :  http://www.laprovence.com/article/actualites/3351584/aix-les-boues-rouges-troublent-les-experts.html 

    pour info : ci-dessous l'article du Monde qui confirme la décision ministérielle et donne quelques pistes .....

    le Monde du 7 avril 15   http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/04/07/segolene-royal-bloque-le-dossier-des-boues-rouges_4610963_3244.html

     

    C'est un nouveau revers pour le groupe industriel Alteo, dans le dossier des boues rouges qu'il rejette en plein cœur du parc national des Calanques. L'usine, qui produit de l'alumine de spécialité à partir de minerai de bauxite, à Gardanne dans les Bouches-du-Rhône, a un sérieux problème avec ses déchets qu'elle envoie actuellement au fond du canyon sous-marin de Cassidaigne.

     

    Vingt millions de tonnes de résidus rouges se sont ainsi entassées depuis 1966 en Méditerranée. Le groupe souhaite continuer à utiliser la même canalisation afin de déverser ses effluents liquides – et non plus solides car il n'en aura bientôt plus le droit –, à 7,7 kilomètres au large des criques de Cassis, et a demandé en mai 2014 une nouvelle concession de trente ans pour pouvoir utiliser le domaine public maritime.

     

    L'affaire se présentait plutôt bien : l'étape décisive de l'enquête publique devait avoir lieu du 20 avril au 5 juin. Le groupe industriel avait prévu de marquer le coup de deux conférences de presse, l'une à Marseille, l'autre à Aix-en-Provence, les 14 et 15 avril.

     

    Mais Ségolène Royal vient d'infliger un sérieux coup de frein à l'avancée du projet : le 3 avril, la ministre de l'écologie a demandé au préfet des Bouches-du-Rhône de suspendre sine die cette consultation du public et de prévenir les vingt-sept maires concernés." On a été un peu surpris. On attend d'avoir plus d'informations de la préfecture pour prendre position ", déclare-t-on chez Alteo.

     

    La ministre de l'écologie ordonne qu'il soit réclamé à Alteo de " nécessaires analyses complémentaires ", dont les résultats devront être " connus à temps pour la parfaite information du public ". Dit autrement, le dossier fourni par l'industriel ne permet pas en l'état de prendre la mesure des enjeux et des risques des boues rouges. Des lacunes qui risquaient fort de déclencher l'ire des défenseurs de l'environnement et des pêcheurs, à nouveau mobilisés de Cassis à Sanary-sur-Mer contre les rejets.

     

    Pour le site de Gardanne, c'est un contretemps délicat. Car après avoir signé la Convention internationale de Barcelone pour la protection de la Méditerranée, la France a fini par exiger en 1996 que l'entreprise cesse de déverser ses boues rouges au large, lui accordant tout de même vingt ans pour régler le problème. Nous y voilà. Le 1er janvier 2016, l'usine fondée par Pechiney en 1894 ne pourra plus se débarrasser de ses résidus solides dans la canalisation. Moyennant 30 millions d'euros (dont la moitié provient de subventions), le groupe s'est doté de filtres-presses pour les retenir. Le flux de matières en suspension va considérablement régresser. Restent cependant les effluents liquides pour lesquels aucune alternative n'a été trouvée.

     

    Expertise

     

    La logique industrielle d'Alteo a convaincu le Bureau de recherches géologiques et minières, auquel Ségolène Royal avait demandé une analyse indépendante du dossier le 10 octobre 2014. Après avoir étudié cinq autres solutions, les experts les ont toutes écartées en raison soit " d'incertitudes " techniques soit de leur " coût excessif ". " Le rejet en mer des eaux excédentaires nous semble donc inévitable dans le contexte de l'usine de Gardanne ", en concluent-ils.

     

    Mais dans le même temps, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), s'était également vue commander une expertise de la part de la ministre. Que risque-t-on à manger les poissons qui s'ébattent à l'extrémité de la conduite ou à avaler de l'eau en se baignant à proximité du site ? On ne le sait toujours pas.

     

    En s'appuyant sur un test réalisé en laboratoire, Alteo assurait que ses rejets, bien que chargés en mercure, arsenic et divers composés métalliques, n'auraient pas d'impact significatif sur l'environnement marin à l'avenir grâce à son nouveau procédé de traitement des effluents. A partir de deux campagnes de pêche de 2004 et 2013, l'entreprise estimait en outre que les poissons fréquentant les abords du canyon de Cassidaigne n'étaient pas plus contaminés que ceux affectés par la pollution industrielle des rades de Toulon et Marseille.

     

    " Les données fournies par Alteo sont insuffisantes pour conclure de manière robuste ", ont tranché les scientifiques de l'Anses. Ils recensent entre autres le manque de spécimens examinés – issus d'espèces pour lesquelles les comparaisons sont impossibles faute de références –, des seuils d'analyses de contaminants trop laxistes pour être significatifs ou encore l'absence de carte précise de dilution des restes de bauxite qui pourraient s'étendre de Fos-sur-Mer à l'île de Porquerolles.

     

    Pour l'Anses, il est temps de travailler sur des échantillons d'au moins trente poissons de la même espèce, autant d'oursins, de poulpes ou de calamars, afin de procéder " a minima " à dix analyses (aluminium, arsenic, chrome, cobalt, plomb…). Un avis qui interroge sur les contrôles sanitaires réalisés au cours des cinquante dernières années.

     

    Martine Valo 

    © Le Monde

       

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